L'Histoire
de Saint-Germain-des-Près
Un quartier de la Capitale qui se forge peu à peu son caractère par sa particularité vibrante : depuis toujours un fief de la culture où tournoient artistes, intellectuels et chalands.
Un quartier de la Capitale qui se forge peu à peu son caractère par sa particularité vibrante : depuis toujours un fief de la culture où tournoient artistes, intellectuels et chalands.
L’Abbaye Sainte Vincent est fondée par le fils de Clovis, Childebert 1er, sous les conseils de Germain, l’évêque de Paris, afin d’abriter les trésors obtenus de la reddition des barbares.
VIIème siècle : à la mort de l’évêque, l’Abbaye est rebaptisée église Saint-Germain-des-Prés. Une petite agglomération se forme peu à peu autour de l’église. Le quartier se constitue.
La splendeur et le rayonnement intellectuel intense de l’église s’accroissent à partir de l’an 1000. L’Abbaye s’agrandit sans cesse.
XIIème siècle : le bourg Saint-Germain se développe et compte environ 600 habitants. On y trouve des foires de toutes sortes où l’on peut jouer à des jeux de hasard et d’argent. On peut également y visiter le premier zoo de Paris.
La Foire Saint-Germain est une foire parisienne qui avait cours chaque année depuis le 3 février 1486 jusqu’à la Révolution française, et qui se tint pour la première fois pendant le XIIe siècle. Installée dans le Faubourg Saint-Germain, elle est lors de sa construction en dehors de l’enceinte de Paris mais sera progressivement intégrée dans le tissu urbain de la capitale.
Outre un rôle commercial important, dû à la présence de plus de 120 espaces de vente, nommés “loges”, qui permettaient à de nombreux biens d’être vendus à Paris, la Foire Saint-Germain abrite des spectacles forains dès le XVIIe siècle, qui prennent leur essor au cours du XVIIIe siècle avant de se déplacer sur les théâtres de boulevard.
Les bâtiments de la Foire du XVe siècle, détruits dans un incendie en 1762, sont partiellement reconstruits dans les années 1762-1763. La Foire sera définitivement détruite en 1811 pour faire place au Marché Saint-Germain.
Auguste déclare Saint-Germain-des-Prés quartier à part entière – l’un des premiers de Paris. L’église reste toujours parmi les plus riches de France.
De l’âge classique à la Révolution, le quartier acquiert son âme grâce à son pouvoir d’attraction sur les intellectuels. Il se présente comme un lieu de cohabitation singulière entre clergé et artistes, dérogeant à toutes les convenances de l’époque.
Tous les artistes qui passent à Saint-Germain y laissent l’empreinte de leur talent, marquant toujours plus en profondeur les cafés et les rues d’un sceau littéraire.
À partir de 1751, les Encyclopédistes, sous la direction de Diderot et D’Alembert, se réunissent au Café Landelle ou au Procope – tout comme les futurs révolutionnaires Marat, Danton ou Guillotin.
La Révolution sonne le glas de l’existence de la puissante abbaye bénédictine qui est détruite par une explosion, puis par un incendie.
Mais sa destruction ne signe pas l’arrêt de mort du quartier. Les bourgeois et les éditeurs qui en ont pris possession nourrissent un attachement particulier pour ce lieu. La vie intellectuelle et artistique continue de s’y épanouir.
Au XIXème siècle, Saint-Germain-des-Prés devient le lieu de rencontre des écrivains (Racine, Balzac, George Sand), des peintres (Delacroix, Ingres et Manet) et des acteurs (Mounet-Sully).
Le quartier devient un véritable lieu de rencontres où artistes et intellectuels se plaisent à se retrouver pour de grandes discussions animées tant sur l’actualité que sur la culture.
Au début du XXème siècle, les Cafés de Saint-Germain-des-Prés accueillent les intellectuels du surréalisme (Apollinaire, Aragon, André Breton).
Attirés par le quartier, peintres et photographes sont également nombreux à s’y installer. En 1937, Picasso termine Guernica dans son atelier rue des Grands Augustins, où son ami Man Ray lui rend régulièrement visite.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, malgré les restrictions et couvre-feu, le quartier connaît peu l’occupation allemande. Les intellectuels s’y réfugient et forment une petite communauté.
Les cafés du quartier sont les derniers endroits de rencontre et d’échange de la capitale occupée. Chaque jour, Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir y arrivent dès l’aube pour s’installer aux meilleures places près du poêle.
À la libération, les intellectuels partent pour Montmartre. Saint-Germain-des-Prés devient le quartier de la musique, de la fête et du théâtre d’avant-garde qui prend son essor avec Samuel Becket et Jean Cocteau.
Mais il reste synonyme de vie littéraire. De nombreux cafés créent leur propre cercle et prix littéraire, devenant de célèbres institutions.
La scène musicale s’émancipe à Saint-Germain. Ferré, Brassens, Trenet, Brel, Béart, Gréco, Gainsbourg ou Aznavour y deviennent des habitués – sans oublier Boris Vian.
Le jazz et le Be Bop jouent un rôle phare dans le développement de la vie nocturne du quartier. Sydney Bechet, Miles Davis et Duke Elington font vibrer la jeunesse dans les Caves de Saint-Germain.
La réputation de Saint-Germain-des-Prés attire un tourisme qui transforme peu à peu le quartier. Les petits commerces sont remplacés par des boutiques de luxe. Le prix de l’immobilier s’envole.
Beaucoup de librairies ferment, le siège des grandes maisons d’édition déménage, les universités parisiennes ouvrent d’autres campus. Les signes du changement sont évidents.
Aujourd’hui, on trouve encore beaucoup de petites librairies et cafés parisiens très typiques. Le quartier est toujours aussi vivant et jeune, surtout quand la nuit tombe.
L’histoire de Saint-Germain-des-Prés est une illustration du lien particulier qui unit ce quartier à la vie culturelle et artistique de notre pays. Et nous tentons de préserver l’esprit de ce lieu magique.
Pour célébrer ses mille ans, l’église parisienne la plus connue après Notre-Dame se peuple de tableaux animés, à la manière du théâtre médiéval, du 5 au 7 décembre 2014.
Robert Doisneau a immortalisé l’effervescence de Saint germain des Près.
Documentaire réalisé par Philippe Cochinard et raconté par Pierre Arditi.
L’Avant-Garde culturelle est chez elle à Saint-Germain-des-Près : Courrèges – Mai 68 – Claude Lelouche – Sarte & Beauvoir – La bande du Drugstore – Yves Saint Laurent & Catherine Deneuve – chez Castel – Verlaine au Procope – Défilé Chloé au Café Lipp – Les Deux Magots – Albert Camus au Mabillon – Hemingway – Duke Hellington – Les Charlots – Brigitte Bardot au Café de Flore – Sonia Ryckiel – Gainsbourg, Johnny Hallyday, Django Reinhardt, Boris Vian…